Choisir les réseaux sociaux. Choisir d'y poster des photos. Choisir l'angle parfait. Choisir les bons horaires pour avoir un cœur, un pouce bleu, un double tap et se faire accepter par une communauté d'inconnus. Choisir la surconsommation d'images. Choisir de fantasmer sur une utopie. Choisir d'être aliéné, d'être un mouton, de suivre le mouvement. Sans réfléchir. Choisir son filtre mais ne plus en avoir pour parler. Choisir l'écran, l'instantané, la résolution. Choisir les bons mots et finir par les oublier. Choisir d'être seul. Choisir d'être jugé sur ce que l'on fait, sur ce que l'on cherche à dire. Choisir de montrer à qui voudra bien le voir, ce superbe latte frappé qu'on a bu hier au Starbucks Coffee. Choisir l'apparence, le visuel. Choisir d'être désincarné au profit d'actionnaires. Choisir la dépendance. Choisir d'être possédé par ce que l'on possède. Choisir de faire semblant, de jouer un rôle et de devenir autre. Choisir d'être virtuel alors que l'on est vivant. Alors que l'on vibre, que l'on brûle. Et si on brûle ainsi c'est parce qu'on reste toujours un enfant qui hésite. Qui choisit d'être passif alors qu'il suffirait juste d’agir.
texte printemps 2017
photo printemps 2021
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